vendredi 28 août 2015

Danser les ombres de Laurent Gaudé



Date de parution : janvier 2015

Gros coup de cœur pour ce livre qui se lit d'une traite...
Laurent Gaudé nous brosse le drame du tremblement de terre à Haïti en 3 actes : d'abord une magnifique description de la vie à Haïti, puis les 35 secondes du tremblement de terre nommé le Goudou Goudou par les survivants, puis les suites immédiates de la catastrophe.
Il recrée dès les premières lignes l'atmosphère si particulière de cette île avec le marché, les commerçants hauts en couleur, les esprits... Les personnages, tous très forts, sont campés d'emblée, on assiste à un combat de coqs, à une partie de dominos bien animée... Il évoque les manifestations qui ont eu lieu quelques années avant contre la dictature, la torture qui a sévi. On se régale des noms pittoresques des différents personnages : prophète Coicou, facteur Sénèque, Jasmin Mangecul, Ti sourire, Ti Poulette...
La montée en puissance est magnifique, la description du tremblement de terre est très réaliste, puis on assiste à l'hébétude, la solidarité des survivants après la catastrophe.
Je suis pourtant très cartésienne mais j'ai aimé la dernière partie qui a pu gêner d'autres lecteurs lorsque le monde des vivants et celui des morts se mélangent, les morts, dérangés par le tremblement de terre, sortant des failles engendrées par les secousses. J'ai même trouvé la marche et la danse finale très belle, poétique, voire lyrique. Que les personnes qui, comme moi, hésitaient à lire ce roman à cause de ce côté irréel soient rassurés, ces descriptions n'occupent qu'un tout petit passage de ce roman marquant.

J'ai découvert Laurent Gaudé avec ce livre, son histoire est magnifique et son écriture puissante.


Citations
"S'il faut mourir, alors autant vivre un peu..."

"Hommes, ce qui est sous vos pieds vit, se réveille, se tord, souffre peut-être ou s'ébroue. La terre tremble d'un long silence retenu, d'un cri jamais poussé.
Hommes, trente-cinq secondes, c'est un temps infini et vos yeux s'ouvrent autant que les crevasses qui lézardent vos routes et les murs des maisons. En ce jour, à cet instant, tous les oiseaux de Port-au-Prince s'envolent en même temps, heureux d'avoir des ailes, sentant que rien ne tiendra plus sous leurs pattes, et que, pour les minutes à venir, l'air est plus solide que le sol."


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