jeudi 4 mai 2017

Romain Gary s'en va-t-en guerre de Laurent Seksik


Date de parution : janvier 2017 chez Flammarion
Nombre de pages : 180

"On associe le génie de Gary à sa mère.  L'énigme Gary, c'est son père."

La parution d'un nouveau roman de Laurent Seksik est toujours un petit évènement pour moi car j'aime beaucoup cet auteur qui a su m'émouvoir avec l'histoire de la fin de la vie de Stefan Zweig (Les derniers jours de Stéfan Zweig), avec l'histoire du fils d'Einstein (Le cas Eduard Einstein) et avec la chronique d'une famille de médecins juifs (L'exercice de la médecine). Ce livre sur l'enfance de Romain Gary est son huitième roman.

Dans cette biographie romancée Laurent Seksik imagine l'enfance de Romain Gary marquée par la figure de son père absent, il retrace les 24h de sa vie qui ont fait basculer son existence.

Janvier 1925, Romain Gary n'est encore à cette époque que Roman Kacew, un jeune garçon de 10 ans. Il vit avec sa mère dans le ghetto de Wilno en Pologne (actuel Vilnius en Lituanie). Né en 1914 quelques mois avant le départ de son père à la guerre, Roman est un jeune garçon d'une grande maturité qui passe son temps plongé dans les livres.
Malgré son jeune âge, la vie ne l'a pas épargné car son demi-frère, de vingt ans son aîné, vient de mourir laissant sa mère désespérée d’autant plus que son père vient de quitter le domicile conjugal pour vivre avec sa jeune maîtresse qui attend un enfant de lui.
Le jeune Roman ressent une immense douleur face au départ de son père, il reste nostalgique du temps où ses parents vivaient ensemble et rêve de les voir à nouveau réunis. Son père Arieh lui manque terriblement. "C'était sa faute si son père était parti, la faute à sa paresse, à son appétit du jeu, à l'amour et à l'obéissance qu'il portait à sa mère."
Nina, sa mère, est une femme fragile, au comportement excessif. Mélancolique, elle peut avoir de grands accès de théâtralité. Alors que son père est un homme sérieux, fourreur de son métier, sa mère, modeste modiste, a une âme d'artiste et un comportement imprévisible avec d'incessants changements d'humeur.

Outre la quête du père, Laurent Seksik nous dépeint à merveille la vie grouillante du ghetto, tous ces juifs tourmentés, en perdition dans l'attente d'une catastrophe annoncée et nous plonge au sein de cette communauté, de ses croyances et coutumes.
Un jour de janvier 1925, Roman fait l'école buissonnière et quitte le ghetto, il va rencontrer la haine suscitée par les juifs mais aussi découvrir le vrai visage de son père "il avait plus appris en vingt-quatre heures qu'en une année d'école". La découverte d'une trahison qui le fera quitter définitivement l'enfance. 

Comme avec Stéfan Zweig et Eduard Eisntein, Laurent Seksik nous fait rentrer dans l'intimité de Roman/ Romain et de ses parents.
J'ai trouvé ce récit intéressant et riche malgré de régulières envolées lyriques qui m'ont un peu gênée. J'ai aimé sa description du ghetto et des multiples personnages qui le peuplent. Ce roman m'a émue dans sa pathétique recherche de son père. Son passage radical à l'âge adulte éclaire la vie de Romain Gary qui, devenu adulte, a multiplié les changements de noms et les mensonges sur l'identité de son père.
J'ai trouvé complètement glaçant l'épilogue qui relate la liquidation des 60 000 juifs du ghetto en 1943 d'une manière insoutenable, terriblement réaliste.


Citations
"Juif par sa mère, il serait fourreur par son père."

"N'était-ce pas le rôle des fils de réaliser les rêves des pères, d'être les héros qu'ils auraient dû devenir si la vie s'était montrée plus juste."


L'auteur
Né en 1962, Laurent Seksik est un écrivain journaliste, écrivain médecin (radiologue), chroniqueur littéraire et écrivain scénariste pour l’adaptation au cinéma de son roman "La folle histoire"
Depuis 2006, Laurent Seksik se partage entre médecine et littérature.
En 2010, Laurent Seksik publie un roman relatant les 6 derniers mois de la vie de Stefan Zweig avant son suicide. "Les derniers jours de Stefan Zweig", vendu à plus de 50 000 exemplaires et traduit en sept langues. L'auteur en écrit l'adaptation théâtrale. Celle-ci sera montée au théâtre Montparnasse, en septembre 2012. Ensuite, il en fera un scénario de l'adaptation en Bandes Dessinées, publié chez Casterman, dessins de Guillaume Sorel. L'album vendu à plus de 30000 exemplaires, sera sélectionnée parmi les 25 meilleures BD de l'année 2013, par l"ACBD. Elle sera traduite en plusieurs langues dont l'anglais et l'allemand.

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38ème contribution au Challenge Rentrée Hiver 2017 organisé par Laure de MicMelo
 











Catégorie MORT

4 commentaires:

  1. J'ai tellement aimé "les derniers jours de Stefan Zweig" et puis Gary koa ! Alors je note cette merveille qui devrait me plaire ....
    Merci pour la découverte

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    1. Si tu aimes cet auteur lis Le cas Eduard Einstein, pour moi c'est son meilleur !

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  2. Toujours pas lu Laurent Seksik mais ça me démange !

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    1. Je me répète mais Le cas Eduard Einstein est excellent ! Un bon choix pour découvrir cet auteur.

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